Source:tageblatt
La Commission européenne a proposé mercredi un nouveau plan visant à quadrupler en 5 ans la consommation des biocarburants dans l'UE, avec l'espoir que les tensions actuelles sur les marchés de l'énergie inciteront les Etats membres à s'impliquer davantage que par le passé.
Réaffirmant l'objectif d'une directive (loi européenne) de 2003, Bruxelles ambitionne qu'une proportion de 5,75% de biocarburants soit intégrée dans l'essence consommée dans l'UE en 2010.
La directive fixait un objectif de 2% pour 2005 qui n'a pas été atteint: la proportion de biocarburants s'est élevée à seulement 1,4% en 2005, après 0,8% en 2004, selon la Commission.
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Mais la donne a changé, estime Bruxelles, du fait de la hausse des prix du pétrole jusqu'à des prix records, de la récente crise d'approvisionnement énergétique avec la Russie, ainsi que de la nécessité de diminuer les rejets de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement du climat.
»Les Etats membres et les citoyens eux-mêmes ont beaucoup plus conscience que par le passé de l'importance de cette question et de la faiblesse de l'Union européenne quant à sa dépendance énergétique», a déclaré la commissaire à l'Agriculture et au développement Mariann Fisher Boel.
Les biocarburants produits dans l'UE ne sont actuellement pas compétitifs par rapport au pétrole. Un baril d'éthanol (qu'on mélange au supercarburant) revient à 80 euros, et un baril de biodiesel (qu'on mélange au gazoil) à 60 euros, selon un expert de la Commission, contre environ 55 euros (65 dollars) pour un baril de pétrole au cours actuel.
Pour baisser les coûts de production, Bruxelles mise sur la recherche, avec la mise au point de biocarburants de »deuxième génération», et sur les économies d'échelle apportées par une augmentation de la production.
La Commission n'a toutefois pas donné de chiffres sur la baisse de prix espérée ni sur les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.
Le Brésil, premier producteur et consommateur mondial de biocarburants, a lui annoncé en novembre qu'il allait investir 10 milliards de dollars dans les 7 à 8 années à venir pour doubler sa production.
Outre l'intérêt de réduire la facture pétrolière et la dépendance énergétique européenne, le développement des biocarburants répond à la nécessité de diminuer les rejets de CO2, selon les engagements du protocole de Kyoto signé par l'UE, a rappelé la commissaire Fisher Boel.
Alors que les transports sont à l'origine d'un quart des émissions de gaz à effet de serre de l'UE, les biocarburants permettent de réduire de 20% à 70% l'émission de CO2 par rapport au pétrole, selon un expert de la Commission.
Enfin, la »stratégie ambitieuse» sur les biocarburants vise à offrir de »nouveaux débouchés» aux agriculteurs communautaires, a expliqué Mme Fisher Boel.
Dans l'UE, l'éthanol est produit à partir de betteraves à sucre et de céréales, et le biodiesel à partir de graines d'oléagineux comme le colza.
Les producteurs de sucre touchés par la récente réforme du régime sucrier de l'UE pourraient notamment en profiter, a-t-elle noté.
Le commissaire au Développement et à l'aide humanitaire Louis Michel a pour sa part souligné que »le marché des biocarburants représente une nouvelle opportunité pour les pays en développement producteurs de sucre», qui pourront importer davantage vers l'UE.
Le plan de l'UE illustre ainsi »la cohérence des différentes politiques européennes, l'agriculture, la recherche, l'énergie et le développement», a-t-il commenté.