Le constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën, longtemps réticent en matière de pile à combustible, a ouvert lundi un centre de recherche sur cette technologie prometteuse, tout en maintenant que sa commercialisation n'était pas pour demain.
Ce centre, situé à Carrières-sous-Poissy (Yvelines) à proximité de l'une des principales usines du groupe, emploiera une cinquantaine de chercheurs et techniciens, a précisé à l'AFP Bruno Costes, directeur du programme pile à combustible de PSA.
La pile à combustible, dont le principe a été découvert il y a plus de 150 ans, produit de l'énergie à partir d'hydrogène, avec pour seul rejet de l'eau. Une voiture mue par une pile à combustible fonctionnerait sans la moindre émission polluante et serait donc le véhicule écologique par excellence.
Si des centaines de véhicules roulent aujourd'hui avec une pile à combustible, cette technologie reste encore excessivement chère et n'est pas encore très fiable. Le stockage de l'hydrogène à bord et le démarrage du moteur par grand froid posent également des problèmes aux constructeurs.
Pour le président de PSA Jean-Martin Folz, les véhicules les moins polluants sont aujourd'hui ceux dotés d'un moteur Diesel, une grande spécialité du groupe. Avec un système de compression haute performance et un filtre à particules, le diesel a perdu ses tares écologiques d'origine.
Grâce au diesel, "nous sommes leaders en Europe pour les véhicules très peu polluants: nous avons vendu l'an dernier 30% des véhicules rejetant moins de 120 grammes de gaz carbonique au km, 70% de ceux rejetant moins de 110 g".
Pour demain, PSA mise sur des motorisations hybrides, alliant moteur Diesel et électrique, sur lesquelles il fera une grande annonce le 31 janvier. "Pour l'après-demain, la pile à combustible est la solution privilégiée, mais plus pour le long terme que pour le moyen terme", a relevé M. Folz.
Le ministre de l'Education nationale et de la Recherche Gilles de Robien, présent à la cérémonie, a pourtant salué la "vraie mobilisation" de PSA en faveur de la pile à combustible. "Nous sommes en train de rattraper un vrai retard en matière de voiture propre", s'est-il félicité.
M. de Robien a donné rendez-vous aux dirigeants de PSA dans un an "pour faire le point sur ces avancées". "Je vous sens un peu sceptique", a-t-il alors lancé, en se retournant vers le patron du groupe automobile.
La stratégie de PSA prévoit le développement d'un véhicule électrique à batteries dont l'autonomie serait accrue par une pile à combustible. Grâce à une pile de petite dimension, donc moins chère, l'autonomie du véhicule électrique pourrait atteindre 500 kilomètres. En l'état actuel des technologies, son prix serait 2,5 à 3 fois supérieur à celui d'un véhicule classique comparable, selon Jean-Pierre Goedgebur, directeur scientifique de PSA.
La cérémonie a été l'occasion de présenter Genepac, la première pile à combustible issue du partenariat entre PSA et le Commissariat à l'énergie atomique. C'est une pile formée de quatre modules développant 20 kW chacun qui se situe "au meilleur niveau mondial en termes de performances". Mais son prix reste très élevé: elle contient une centaine de grammes de platine...
M. de Robien a par ailleurs indiqué que 190 millions d'euros seraient mobilisés en 2006 pour la recherche en matière de voiture propre, contre 80 à 85 millions en 2005 et 40 millions en 2002.
© 2006 AFP
